Bernard Anthonioz ou La Liberté de l'art

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Ean : 9782876602601




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Présentation : Bernard Anthonioz ou La Liberté de l'art

Les quatre joyeuses sorcières d'Aeppli et Tinguely servent d'introduction à une collection de peintures, de sculptures et d'objets qui ont en commun de ne pas être étrangers au travail, au goût parfois, d'un seul homme, Bernard Anthonioz, mort en 1994. Ni collectionneur, ni galeriste, ni mécène, ce commis de l'Etat était chef du service de la Création artistique dans le tout premier ministère de la Culture, alors conduit par André Malraux (dès 1962). Une exposition qui rend hommage à un fonctionnaire? «Faut-il y déceler un privilège indu, s'amuse Germain Viatte, commissaire de l'exposition, fondé sur une appartenance familiale et politique (il fut l'époux de Geneviève De Gaulle)? Une sorte d'abus dont bénéficierait un fonctionnaire parmi tant d'autres?» Sur les traces de Bernard Anthonioz, entre une étude de Hantaï et une composition de Jean-Pierre Raynaud, ce sont les premiers rapports entre l'Etat et l'artiste qu'esquisse là Germain Viatte.

Ferveur. Sur le mur de photographies, l'une d'entre elles semble sortie des archives du Kremlin. Elle montre Malraux et Anthonioz préparant la mise en place des sculptures d'Aristide Maillol en 1964, dans le jardin des Tuileries. Quand il se crée, en 1959, le ministère des Affaires culturelles a pour mission de «rendre accessibles les oeuvres capitales de l'humanité» et de «favoriser la création des oeuvres d'art et de l'esprit». Bernard Anthonioz, que Malraux a rencontré après la guerre alors qu'il travaillait aux éditions Skira, est chargé de constituer l'équipe qui devra s'attaquer à la dite-mission, sous la direction de Gaëtan Picon. Quelques jeunes gens enthousiastes (dont Germain Viatte) travailleront ainsi hors des sentiers battus par l'Académie et les musées. «Il y a dans nos entreprises une ferveur qui dépasse l'ordinaire des actes administratifs», raconte Pierre Moinot qui en fut (1). En cette fin des années cinquante, les ateliers de Montmartre et Montparnasse ont disparu, les Salons se raréfient. L'Etat doit inventer d'autres solutions pour soutenir la création.

Alors que la construction des HLM s'intensifie, Bernard Anthonioz se bat pour que leurs programmes comportent au rez-de-chaussée des ateliers de sculpteurs, au dernier étage des ateliers de peintres. Il incite les Manufactures nationales (les Gobelins, la Savonnerie, Sèvres) et le Mobilier national à travailler avec les artistes. Il leur obtient le régime général de la Sécurité sociale. Et surtout il se sert du «1%», procédure datant du Front Populaire qui obligeait les architectes à consacrer 1% de la commande publique (dans l'Education nationale) à un ouvrage d'art. Il la fait appliquer à l'art vivant, contemporain. Avec l'extension des constructions scolaires, une masse d'argent afflue et Anthonioz veille à son utilisation pertinente. Il réussit bientôt à l'étendre aux autres ministères et aux régions. Tant et si bien qu'elle devient peu à peu la part majeure des ressources que l'Etat consacre aux oeuvres.

Les résultats prouveront qu'il sut souvent détourner le conservatisme des architectes du 1%: des grilles signées Vasarely à Montpellier, un vitrail de Geneviève Asse à Albi, un plafond de Bernard Lassus à Saint-Avold, un stabile de Calder devant la gare de Grenoble, une fontaine de Max Ernst à Amboise" Même si le temps et les passants les ont parfois marqués cruellement. La petite équipe s'enrichit bientôt de conseillers artistiques en régions qui seront les ferments de la décentralisation et des futurs Frac (Fonds régionaux d'Art contemporain) en 1976. Ils vont d'atelier en atelier pour y dénicher les oeuvres. Une phrase de Malraux leur sert alors de ligne de conduite: «L'Etat n'est pas fait pour diriger l'art, mais pour le servir. Et il le sert dans la mesure où ceux à qui il en confie la charge le comprennent.» Leur politique d'achat s'évertue à «illustrer la création en train de se faire» quand celle des musées est de rendre compte d'une étape dans l'Histoire de l'art.

«Auberge espagnole». «Gaëtan Picon et Bernard Anthonioz s'attachèrent à compenser les manques criants d'une politique d'acquisitions timorée, raconte Germain Viatte, envers Viera da Silva, Germaine Richier, Serge Poliakoff, César, Pierre Soulages par exemple, et à rendre compte de l'impact de Balthus, Jean Dubuffet ou Alberto Giacometti.» Une prise en compte de l'abstraction géométrique, du surréalisme ou des suites de COBRA tout en restant attentif à la diversité, au point qu'on parlera d'«auberge espagnole» à propos de la maison des artistes qu'ils avaient installée rue Berryer. Ce qui leur semblait finalement préférable à une maison de «l'art officiel».

Amateur attentif. «Chacun s'accordait sur la nécessité de transformer profondément les rapports de l'Etat avec les créateurs et d'en finir avec une politique de prébendes provoquée et justifiée par le clientélisme organisé du système académique (") Les effets de cette politique avaient été dévastateurs et les réserves regorgeaient d'oeuvres insipides.» En 1967, ils créent le CNAC (Centre national d'art contemporain) afin de pallier la défaillance du Musée national d'Art moderne à montrer la création contemporaine. Il sera la matrice du Centre Georges-Pompidou, mais sans Bernard Anthonioz. Les oeuvres ici rassemblées esquissent le portrait de l'amateur attentif qu'il fut. Mais aussi l'enfance de l'Etat en matière d'art, avec ses débordements qui le ramèneront plus tard, en se croyant «acteur culturel», à frôler ce fameux système académique d'avant le ministère.

(1) Bernard Anthonioz ou la liberté de l'art. Ed. Adam Biro. 207 pp. 190 F.


LIBERATION le 23/12/1999

Caractéristiques : Bernard Anthonioz ou La Liberté de l'art

TitreBernard Anthonioz ou La Liberté de l'art
AuteurCOLLECTIF
EditeurAdam Biro
FormatAlbum Moyen
Nb pages208
LangueFrench
Poids1.5 kg
GenreArt et architecture
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