Présentation : L'évangile de Jean
L'art sacré, le plus rigoureux de tous les arts, est impitoyable aux talents graciles comme aux natures sentimentales. Qui veut y faire l'ange y fait la bête, et, cet angélisme si répandu, si peu religieux, nous a valu tant de productions médiocres que le public est bien excusable de tenir tout art sacré pour suspect.
Il est juste ce pendant d'ajouter que l'art sacré requiert, tant de l'artiste que du public, plus qu'une simple appréciation formelle. Sans être conventionnel, cet art se voue à certains sujets, souvent à un seul. Il ne peut pas ne pas être figuratif puisqu'il raconte indéfiniment un unique événement éternel. Pour échapper donc au formalisme, l'artiste n'a que la profondeur de sa foi. Sa vision nous montre à quelle point il fut modifié en esprit par l'histoire sacré qu'il représente.
Francesca Guerrier, qui nous présente ici un évangile de Jean, n'a pas trahi un grand sujet car elle l'a vécu comme les grands imagiers de toujours, unissant le geste artisanal et la participation religieuse. Son métier qui convient parfaitement à sa sobre et méditative énergie, favorise d'autant plus la simplicité qu'elle refuse toute stylisation ornementale.
Francesca Guerrier fait ici la preuve que la sérénité inséparable de l'art religieux dépend de la contention de l'artiste, de sa modestie devant le sujet. Créée au sein d'un état contemplatif, son oeuvre se parfait en contemplation chez celui qui lui donne le temps d'éclairer ses correspondances. On y est induit, dés le premier regard, par l'évidence accueillante et l'autorité tranquille d'une forme faite pour durer.