Présentation : L'école des filles, l'école des garçons
Daniel Picouly n a pas son pareil pour faire parler l époque où le bureau de l instituteur trônait sur l estrade. Une école « libre, gratuite et obligatoire pour tous », qui faisait néanmoins la distinction entre les filles et les garçons comme elle l affichait fièrement au fronton de ses établissements.
À l école des filles, les planches pédagogiques détaillent le moindre aspect de la vie domestique : les indispensables travaux de couture, l utilisation des ustensiles de cuisine, comment ranger un placard, découper un poulet, dresser une table... L analyse exhaustive des procédés de nettoyage fait l objet d instructions pour faire la vaisselle (les verres d abord, les casseroles en dernier), blanchir le linge, faire briller le carrelage.
À l école des garçons, la technique prime sur l usage. On ausculte le fonctionnement du moteur à explosion et on apprend des mots savants cardan, arbre à cames, culasse... Au programme : la conception du pied à coulisse, les caractéristiques du courant triphasé et monophasé. Les toilettes s examinent pour le mécanisme de la chasse d eau, l évier pour son siphon, irremplaçable pour comprendre la mécanique des fluides.
On se préparait jusqu en 1969 pour le certif : autre temps, autres m urs. Les classes de fin d études ont disparu et avec elles leurs programmes masculin ou féminin. Les murs qui séparaient la cour des filles de celle des garçons sont tombés.