Parisien d'origine normande, Claude Le Petit (1639-1662) se destinait au métier d'avocat. Son esprit brillant, autant jouisseur que frondeur, le mène pourtant à fréquenter poètes et romanciers libertins qui n'hésitent pas à le comparer à Théophile de Viau, et même à Ovide. Mais au moment où le Grand Siècle naît, il ne fait pas bon se moquer des figures de l'Église comme du pouvoir royal, et Claude Le Petit, emporté par la fougue de sa jeunesse, périt sur le bûcher, emportant avec lui et à jamais une partie de son oeuvre.

Figure avant l'heure du poète maudit, hédoniste, parti en exil pour avoir tué un moine avant que d'être brûlé sur le bûcher à l'âge de vingt-trois ans pour ses «compositions de vers et de prose pleines d'impiétés et de blasphèmes contre l'honneur de Dieu, de la Vierge et de l'État», Claude Le Petit n'avait pas été réédité depuis trop longtemps. Pour les 350 ans de sa mort, ce volume lui rend hommage en rassemblant ses oeuvres les plus savoureuses : L'École de l'Intérêt et l'Université d'Amour, L'Heure du berger pour la prose, avec ce qu'il nous reste de ses recueils de poésies : Le Bordel des Muses, Paris ridicule et Madrid ridicule, mais aussi quelques autres poèmes «de jeunesse» qui nous font redécouvrir l'étendue du talent d'un auteur libertin du XVIIe siècle injustement oublié de nos contemporains.

«Dieu m'a fait naître libre, et je veux toujours l'être ; Je considère plus ma liberté qu'un maître, juge, sage lecteur, si j'ai fait mal, ou bien.»

"En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme, / Le crucifix en main, de songer à son âme ; / Couché sous le poteau, quand le feu l'eut vaincu, / L'infâme vers le Ciel tourna sa croupe immonde"