Hawthorne est le classique américain par excellence. Classique, il l’est devenu du jour au lendemain avec la publication de La Lettre écarlate : c’est avec ce livre que la littérature américaine a, pour la première fois, pris pleinement conscience qu’elle constituait désormais non plus une simple excroissance coloniale de la littérature anglaise, mais un canton à part, un territoire indépendant.
L’œuvre de Hawthorne est la vraie matrice du roman “sudiste” en général. Hawthorne est en effet le maître américain du “gothique provincial”. Non qu’il l’ait inventé : ce mode est né en Angleterre, et il se perpétue à la même époque dans le Yorkshire des Hauts de Hurlevent. Mais Hawthorne a adapté à la Nouvelle-Angleterre l’évocation “gothique” de personnages claustrés dans un monde stagnant, dormant, recroquevillé, à l’écart de la grande Histoire. 
Ces Contes et récits, avec La Lettre écarlate qui en est le prolongement et la vénéneuse efflorescence, constituent réellement le grand œuvre de Nathaniel Hawthorne.

Afin de mettre en relief la cohérence de ce projet fondamentalement politique (reprendre à la racine le récit des origines de la nation américaine), on a choisi de présenter ces contes (…) dans l’ordre chronologique de l’histoire de la Nouvelle-Angleterre qu’ils déploient (…) : l’établissement d’une tête de pont à Naumkeag (Salem) en 1628 (“L’Arbre de mai de Merrymount”) ; la “crise” de 1634 et la menace d’une reprise en main par la Couronne et l’Eglise anglicane (“Endicott et la croix rouge”) ; la persécution des Quakers dans les années 1650 (“Le Doux Enfant”) ; la rébellion, en 1688, de Boston contre le gouvernement royal nommé par les Stuarts, rébellion qui anticipe de peu sur la Glorieuse Révolution anglaise ; la période troublée de la fin du siècle, quand en 1692 la Nouvelle-Angleterre envoya à la pendaison les “sorcières” de Salem (“Maître Brown fils”) ; la période du Grand Réveil, dans les années 1730, quand l’appel au retour au calvinisme originel flamba, tel un feu de prairie, à travers les colonies en général et la Nouvelle-Angleterre en particulier (“Le Voile noir du pasteur”) ; la Révolution américaine enfin, ultime “délivrance” de la “captivité babylonienne” et consommation finale des temps.

Contient :
L’Esprit hanté – L’Arbre de mai de Merrymount – Endicott et la croix rouge – Le Doux Enfant – Le Champion gris – Maître Brown fils – La Sépulture de Roger Malvin – Le Voile noir du pasteur – Mon parent, le major Molineux – Histoire de Wakefield – La Marque de naissance – L’Holocauste de la Terre – L’Artiste du Beau – La Figure de bois de Drowne – La Fille de Rappaccini – Ethan Brand – Grand-rue – Le Vieux Presbytère – Les Bureaux de la douane.