En savoir plus Sigmar Polke et la Révolution française
Entre 1988 et 1989, Sigmar Polke, artiste contemporain allemand, exécutait vingt deux tableaux s'inspirant sur la Révolution française dont on fêtait alors le Bicentenaire. Pour les réaliser, l'artiste s'est inspiré de l'iconographie contemporaine ou commémorative de la Révolution française. Il s'est livré à un jeu subtil de superposition d'images et de motifs sur les supports les plus divers, en utilisant de manière audacieuse des techniques graphiques et picturales très raffinées. Cet ensemble d'œuvres séduit par sa perspicacité, sa diversité, son côté provoquant ou tout simplement sa beauté.
Ce catalogue d’exposition du Musée de la Révolution française en 2001, rassemble pour la première fois toutes ces œuvres. Il faut rapprocher ces tableaux historiques de ceux peints en 1988 par Gerhard Richter avec des motifs photographiques de la “RAF-Fraction Armée Rouge”, qui firent tant de bruit en Allemagne. La série de S. Polke, composée d’œuvres indépendantes, fut exposée en 1988 et en 1990 à la galerie Chantal Crousel. Conformément à sa démarche picturale depuis les années 1960, S. Polke met l’accent sur le rôle des images dans le processus révolutionnaire de 1789 à 1794. Ce fut aussi le point fort des recherches historiographiques du Bicentenaire. L’artiste témoigne de cette fascination-répulsion qui a tant hanté la conscience allemande face à 1789 : l’événement n’est pas perçu comme un processus politique, mais comme une éruption métaphysique. Si les six premiers tableaux de la série de S. Polke sont exceptionnels par leur force et leur simplicité, le reste est plus éclectique, semblant moins brillant que lors de la première exposition. On revient sur un problème inhérent à la peinture de S. Polke et de G. Richter : placer la reproduction mécanique au centre de la peinture crée un dynamisme, mais également un blocage au niveau iconographique, notamment dans des peintures d’histoire. Ainsi S. Polke ne dépasse-t-il pas un grand pastiche des gravures de l’époque révolutionnaire. Le résultat est ambigu, comme dans les photographies à costumes révolutionnaires de Cindy Sherman, exposées à la même époque dans la même galerie