Présentation : Sainteté de Bataille
L'oeuvre de Georges Bataille (1897-1962) s'introduit dans les grands courants de la pensée du XXe siècle pour en perturber durablement les rouages. Elle contamine la philosophie, la psychanalyse, la littérature, l'art pour en transfigurer les icônes, en déranger l'établissement. Dès lors, Bataille "partage", c'est le moins qu'on puisse dire, et le livre de Michel Surva, à la suite de son Georges Bataille, la mort à l'oeuvre (1987 ; repris en "Tel", Gallimard, 2012), rend compte vertigineusement de cette fission irréparable qu'il a fait subir à toutes les disciplines, à travers une oeuvre justement indisciplinée, constituant la "somme athéologique" d'une religion sans dogme, d'où émerge la figure d'un saint Bataille, décidément scandaleux, et dont l'épisode d'Acéphale, longuement évoqué ici, constitue l'acmé et le renversement.